❝ PLAY WITH THE FIRE ❞ (Max)

► PLAY

« J’me casse. » Tu lui avais lancé ça depuis le couloir d’entrée puis tu étais sortit. Dix minutes plus tard, t’étais là. T’étais dans un parc. Dans le fond, il n’y a sans doute pas pire endroit pour toi. Au milieu de ces gens si heureux de vivre, de ceux qui s’émerveillent devant des fleurs et des animaux puants. Pourtant t’es là, te baladant dans les allées, ta clope à la bouche. En vérité, tu fuis. Comme souvent. T’as jamais su faire que ça. Fuir Wexford. Fuir ta famille. Fuir la ville où tu avais connu Hannah. Fuir encore et toujours. Et là, dans l’immédiat, fuir la blondinette qui te servait de colocataire plutôt que d’affronter le jeu sordide auquel vous vous donniez depuis si longtemps. Toutefois, tu ne savais pas réellement pourquoi tu t’étais retrouvé dans ce parc. Il y aurait pu y avoir des tas de lieux ou tu aurais pu te rendre : le bar en tête de liste. Finalement tu te retrouverais ici, entre deux allées de fleurs disgracieuses à te demander si revenir à Wexford avait été une bonne idée ou non. Tu pesais le pour et le contre, sans jamais trouvé la réponse. D’un côté, c’était chez toi, et t’avais besoin d’un pied-à-terre pour te sortir de l’impasse dans laquelle tu étais. De l’autre, il y avait ta famille, ces gens que tu ne supportais pas, qui ne te comprenais pas. Au final, y avait rien qui justifiait ton retour. Mais rien qui justifiait le fait que tu ne reviennes pas non plus. C’était frustrant.

Ton regard s’arrête sur une silhouette blonde qui déambule dans les allées. Ce corps élancé dont du pourrait reconnaître la tête blonde et bien coiffée entre mille. Seul, tu esquisses un sourire, jetant ta clope sur le chemin caillouteux non sans voir se poser sur toi quelques regards plutôt glaciale. Tu pollue leur petit monde. Mais tu t’en fiches bien en réalité et tu offres un sourire cynique à ceux qui te lancent des regards noirs. Allumant par la même occasion une nouvelle clope. C’est presque vital pour toi, la cigarette, c’est ton air. Pour éviter l’asphyxie. Et accessoirement la folie, parce que ça te détends. T’avances d’un pas assuré, rejoignant rapidement l’allée dans laquelle ce trouve Maxyme, pressant le pas pour la rattraper sans toutefois courir. « T’as laissé ton pot de colle à la maison ? » Sans doute surprise par ta soudainement présence, elle semble presque sursauté. T’esquisse un sourire sympathique tout en sachant qu’elle saura parfaitement de qui tu parles : son nouveau petit-ami. Tu ne connais pas grand-chose de cet homme, si ce n’est qu’il ne vient sans doute pas d’ici. « Cela dit, tant mieux pour moi. » Dans le fond, tu ne sais même pas s’il est là ou non, tu ne lui as pas encore laissé le temps de te répondre, mais qu’il soit là ou non, c’est du pareil au même, tu ne te gênes pas pour dire ce que t’as envie, même si c’est un manque de respect totale pour son petit-ami. « Enfin ... comment va la plus jolie des blondes ? » Tu tires sur ta cigarette, marchant à côté d’elle sans savoir si elle veut bien de ta présence. Mais dans le fond, ça aussi tu t’en fiches, t’es le genre qui fait ce qu’il veut, même si ça insupporte le monde entier.

« Tu ne changerais jamais Jude. » T’esquisses un sourire, l’air grave sur le visage. T’as jamais été le mec qu’on voyait comme le gendre parfait. T’étais pas celui qu’on voulait présenter à des parents bien élevés, ni celui qu’on imaginait dans le rôle du parfait mari qui rentrait à la maison pour rejoindre sa femme aimant. Non, toi t’étais le gars tatoué qui fumait comme un pompier, le gars que les parents haïssaient à cause de sa franchise qui le rendait presque malpoli. Mais dans le fond, t’étais pas méchant. Et que Maxime te dise que tu ne changerais jamais, dans le fond, c’était plus un compliment à tes yeux. T’étais fier de pas être comme eux, comme ceux de ta famille, ou leur peau blanche, entravé d’aucun tatouage supportait leur égo surdimensionné et qui mentait sur tout et n’importe quoi. Qui se trompait mais prétendait être heureux. La caricature type des familles riches qu’on voyait dans les séries Z américaine. Déplorable. « Et ça t’ennuie que j’change pas ? » Question rhétorique, dans le fond, elle te le dirait pas de façon aussi sympathique si ça la gênait mais ça te plaît de l’entendre te le dire. C’est sans doute de l’égocentrisme, ou juste le plaisir de l’entendre te complimenter parce que dans le fond, si c’est Maxime qui le dit, ça fait toujours plus plaisir que la potiche d’à côté que tu ne connais pas. Parce que Maxime c’est Maxime. Qu’elle ne remplacera personne d’autre et qu’elle a une place particulière pour toi. Tu la regarde, sceptique, attraper ta cigarette et tirer dessus avec désinvolture. « Ton pot-de-colle apprécie que ta jolie petite bouche rentre en contact avec ces trucs ? » Tu peux pas t’empêcher de faire des commentaires. C’est ton truc de faire du sarcasme sur tout et n’importe quoi. Et plus encore, tu aimes à penser que son petit-ami est un débile un peu niais, un genre de mec vieux jeu et inintéressant, même si en vérité, tu ne le connais pas.

« Je vais très bien et toi beau brun ? » Toi ? Oh, t’es partit de Wexford avec l’idée de faire carrière en tant qu’artiste peintre mais t’as totalement foiré, du coup, tu te retrouves à vivre de tes peintures mais tu en vends tellement peu que sans ta colocataire, tu serais SDF. Ta petite-amie rencontré durant ta vie loin de Wexford à disparu du jour au lendemain sans te prévenir, décidant que votre relation était inutile. Tu t’’es engagé dans un jeu étrange et dangereux avec la folle qui te sers de colocataire mais, étrangement, t’en es devenu addict. T’as payé une escort-girl pour jouer les fiancée parfaite aux yeux de tes parents trop débiles pour se rendre compte qu’elle est pas ton vrai fiancé. Ta vie c’est de la merde. Mais tu vas bien, non ? « Ouais ça va bien. Ca va toujours bien. » Tu préfères y croire, ça semble mieux d’être heureux. C’est beau d’avoir une belle vie. C’est cool non ? Alors ouais, tu vas bien. Même quand tu vas mal tu vas bien, parce que sinon c’est pas cool. « Comment vas ta p’tite vie Blondinette ? » Tu marques une pause, allumant une nouvelle clope, préférant lui laisser la tienne, qui est de toute façon, presque achevée. « Ca fait un bail que j’ai pas eut de nouvelle, tu m’aurais presque manqué. » Presque … non la vérité, elle t’a vraiment manqué mais comme toujours, t’aime bien avoir l’air détaché. Ca aussi, ça te semble plus cool. Faut pas chercher à te comprendre dans le fond, t’es trop bizarre.

« Il ne le sait pas, j'ai jamais fumé depuis qu'on ne c'est plus vu. » La fin de sa phrase te fait arquer un sourcil, tu ne comprends pas ou elle veut en venir. Ils ne se sont plus vus depuis si longtemps que ça ? Tu tires sur ta clope avec ton air habituellement désinvolte, comme si rien n’avait vraiment d’importance. Dans le fond, c’est le cas, pour toi, rien ne semble réellement intéressant, comme si le monde était d’une futilité grinçante. « Et vous vous êtes pas revu depuis … ? » Tu met ta phrase en suspens pour en connaître la réponse, t’es pas doué pour les formulations toute chics et proprette. Au grand dam de la famille O’Grady, d’ailleurs. Tu devrais essayer d’être comme eux, non ? Avec des airs guindés et des phrases soutenant tellement de vocabulaire riches rendra tout ce que tu diras plutôt lourd. Mais t’es même pas sur d’y arriver vraiment. « J’ai loupé plein de truc. » Tu murmures sans savoir si elle l’a entendu, mais dans le fond tu t’en fiches, tu murmurais plutôt pour toi-même. T’étais partit de Wexford en laissant derrière toi tout un tas de personnes que tu avais éclipsé de ton existence en oubliant que ça ne signifiait pas pour autant qu’elles disparaissaient réellement. Ca, tu ne t’en rendais compte que maintenant.

Tu arques un sourcil quand elle pose son bras sur toi, t’as pas tellement l’habitude qu’on s’amuse à trop te toucher. Généralement, les gens préfèrent garder une certaine distance avec toi, comme si tu avais la peste, ou un truc du genre. « Presque manqué ? Voyons Jude, je sais que tu ne peux pas vivre sans moi ! » Tu l’entends rire, une mélodie que tu aurais presque oublié avec le temps, qui ravive des souvenirs enfouies que tu pensais avoir définitivement extirper de ta mémoire. Revenir à Wexford, c’était comme se prendre en pleine face l’ouragan qu’on avait fuit pendant des années. « Et toi alors ! Ca fait très longtemps que je n’ai pas eu de tes nouvelles, tu es partit où ? » Tu jettes au sol le mégot de la clope que tu viens de fumer, souriant gracieusement à la petite vieille qui te lance un regard noir, la même que tu avais vu cinq minutes plus tôt. A croire qu’elle te suit pour ramasser derrière toi tout ce qui traîne. Tu reportes ton attention sur la blonde qui se tient à côté de toi. Souriant de façon sereine. « Ici et là. Paris, New-York, le Brésil, puis Panama aussi. » T’étais de partout, de nulle part, t’avais voyagé ici, puis là. Y avait qu’au Panama que t’étais resté quelque temps, après la disparition d’Hannah, là ou t’avais rencontré la sulfureuse blonde colocataire. « Et ma blondie a-t-elle été conquérir le monde ? » Implicitement, tu lui demande ce qu’elle fous pour être revenu ici. Tu t’arrêtes finalement et t’affales sur un banc, allumant une nouvelle clope.