Pourvu que les secondes soient des heures ~ Clide

•• Aujourd’hui j’étais de repos. Pas de piqûre, pas de soins difficiles à faire. Le métier d’infirmière était difficile, surtout lorsque je remarquais la détresse des gens. Je rangeais mes problèmes de cœur et mes problèmes familiaux lorsque j’étais avec ces gens. Ils avaient besoin de bonne humeur. J’essayais tant bien que mal de leur en procurer mais les sujets de conversations tournaient toujours au même point : Clide. Nous étions un couple influent à Wexford. Les deux petits gosses qui finissent par se marier, c’était le cliché quoi. Mais malheureusement, mon couple n’a pas tenu. Je répétais souvent les mêmes choses, aux personnes âgées surtout. Je ne pouvais pas les blâmer, je pouvais mettre cela sur le compte de la vieillesse. J’étais bien heureuse au final, de ne pas répéter encore une fois que je n’étais plus avec « le flic de Wexford ». Aujourd’hui, je m’accordais une petite pause shopping. C’était une de mes passions. Ces derniers temps, je ne traînais pas beaucoup dans les magasins de peur de croiser quelqu’un que je connais. A vrai dire, tout le monde me connaissait. Je ne pouvais pas me cacher. Mais un an après, je pensais que les gens avaient changés de sujet de conversation. Je remarquais que non. Est-ce que Clide entretenait les sujets de discussion ? Je n’en avais pas la moindre idée, et je préférais ne pas penser à lui. J’avais trop souffert, et je me demandais si au fond je ne souffrais pas encore plus de ne pas le voir. J’évitais à tout prix de le croiser, de peur de fondre en larmes et de lui faire un scandale. C’était difficile pour moi encore, et la plaie n’était pas prête de de se refermer de sitôt. Pour me changer les idées, je décidais donc de me diriger vers les magasins de luxe. Ces magasins à huit étages, avec que des enseignes de grandes marques. Ça ne faisait pas longtemps qu’il était là. Je décidais de m’accorder au moins un petit plaisir juste pour aujourd’hui. De plus, j’avais déjà payé mon loyer à mes parents donc je pouvais m’accorder quelques vêtements en plus dans mon armoire pleine. C’était pire qu’une addiction. Il n’y avait pas beaucoup de monde, c’était le début d’après-midi, les gens devaient probablement manger au restaurant. Tant mieux, ça faisait plus de choix pour moi. J’entrais dans le magasin, puis lisait le panneau pour regarder un peu les marques qu’il y avait. Je décidais d’opter pour le sixième étage, et pour cela j’allais prendre l’ascenseur. En temps normal, j’aurai monté les escaliers mais là c’était trop de marches. J’appuyais sur le bouton puis entrais dans la cabine qui s’ouvrait rapidement. J’appuyais par la suite sur le bouton 6, attendant que les portes se ferment. Mais une main vint à couper la fermeture des portes… J’étais loin de m’imaginer sur quelle personne j’allais tomber dans cet ascenseur. ••

Une journée comme les autres, une pause entre midi et deux pour pouvoir traîner en ville, dans les magasins, à ne penser à rien d'autre que trouver des trucs pour mon nouvel appartement. Ca faisait un an et je n'avais encore rien fait pour le décorer, pour y laisser ma trace, peut-être parce qu'au fond, je pensais que Lane et moi on se remettrait ensemble ... Mais au bout d'un an, je comprenais enfin que ça ne risquait pas d'arriver. Un an que je n'avais plus de nouvelles d'elles, directement en tout cas, parce que oui, ma position de flic de Wexford me donnait quelques avantages... J'avais accès à quelques dossiers, j'avais des nouvelles de Lane par le biais d'amis communs... Mais pas directement d'elle... Jamais. En un an, je ne l'avais pas vu, pas croisé, elle réussit bien à ce jeu, ne pas croiser Clide ... Je finissais par me faire à l'idée qu'elle ne ferait plus partie de ma vie, plus jamais. Juste de mon passé, pas mon présent, ni mon futur. Alors pourquoi étais-je encore là? A Wexford ? Plus rien ne me retenait. Je n'avais plus rien. Et pourtant, me voici, dans les magasins, d'ameublement, de décoration, pour aménager mon appartement ... Je me précipitais vers un ascenseur alors que les portes se fermaient et j'y glissais ma main entre les portes pour qu'elles s'ouvrent de nouveau. C'est alors que je tombais sur la dernière personne sur laquelle je pensais tomber. Mais elle était la première que je souhaitais voir. Je restais comme un con quelques secondes, à l'observer, je sentais mon coeur battre à 100 à l'heure, c'était elle, l'amour de ma vie, la femme de ma vie. Lane. Je montais dans l'ascenseur et souris légèrement. "Hey..." Dis-je simplement sans savoir quoi dire de plus. Il y avait tellement d'autres choses que je voulais dire mais je n'en avais pas le droit.

•• Je m’attendais à tout sauf à ça. Lorsque je remarquais cette tignasse bouclée, je savais que c’était lui. J’étais en train de me maudire de ne pas avoir pris les escaliers à cet instant précis. D’être entrée dans ce magasin en fait. Cela faisait un an que je ne l’avais pas vu. Même un peu plus d’un an. Il devait probablement m’en vouloir de ne pas lui avoir donné des nouvelles, mais bon je n’étais pas du genre à renouer le contact facilement avec mes ex-maris. Enfin le seul et unique probablement. J’avais testé une fois le mariage, je ne le referai pas deux fois. Il n’avait pas changé en un an. Moi non plus d’ailleurs. J’avais l’impression que j’avais passé beaucoup plus de temps à essayer de l’éviter. Mais non, ça ne faisait qu’un an. Un an de souffrance perpétuelle, parce que je ne m’en remettais tout simplement pas. J’étais le genre de fille qui croyait au prince charmant et à toutes ces conneries. Je m’étais promis maintenant de ne plus jamais croire à ces contes de fées. Avec moi, ça virait souvent au cauchemar. Bref, en le regardant, j’eus un mouvement de recul. J’avais même peur. Je ne m’étais pas préparée à ça. Et pourtant, dans ma chambre, je me répétais à chaque fois les mêmes phrases que je pouvais sortir pour faire dans le genre théâtral. Mais là, rien ne sortait. J’étais comme muette. Je n’avais envie que d’une seule chose, c’était de sortir d’ici. Je ne pouvais pas rester une seule seconde de plus dans cet ascenseur. Je sentais de plus, les larmes me monter aux yeux. Je contournais Clide, histoire de voir si les portes n’étaient pas refermées. J’arrivais pile poil à la fermeture des portes. Trop tard. Je tapais une main sur la porte, d’un excès de colère. J’appuyais sur tous les boutons pour essayer de faire redescendre la machine. Là, j’étais plus que paniquée. Je me sentais étouffée, j’avais peur. Je ne me sentais vraiment pas bien à ce moment-là. Et la voix de Clide, n’allait rien arranger. J’étais sûre et certaine qu’il n’allait pas me lâcher maintenant. Je restais dos à lui, appuyant encore sur toutes les touches du tableau de bord. « Mais tu vas t’ouvrir merde ! » disais-je, paniquée. Puis soudain, une grosse secousse. Je craignais le pire désormais. ••

Le destin avait bien fait les choses depuis le début, depuis la première fois qu'elle avait croisé mon chemin jusqu'à notre divorce, en passant par les cours au collège où les professeurs m'avait forcé à être à côté d'elle, pour le mieux au final, puisqu'elle avait su faire battre mon coeur comme personne ne l'avait fait, enfin faut dire que nous étions jeunes à l'époque, c'était normal qu'elle avait fait battre mon coeur comme personne, mais même aujourd'hui, elle était la seule personne capable de faire ça, de me faire avoir le ventre tout noué par la nervosité de sa présence. Mais aujourd'hui, c'était différent, ce que je ressentais c'était entre la nervosité, l'anxiété et la joie de la revoir. Je savais très bien que ça n'allait pas se passer aussi bien que je le voulais, après un an, normal me direz-vous ? Je m'imaginais déjà entrain de subir ces cris, ses pleurs, ses coups... Pourquoi ? Parce que notre scène de rupture, nous ne l'avions pas vraiment eu. Jamais. Elle m'avait surpris avec Caddie et n'avait tout simplement pas réagit. Je savais qu'elle avait certainement ressenti de la trahison, mais elle ne l'avait jamais exprimé, tout ce dont j'avais eu le droit, c'est à une maison vide et les papiers du divorce quelques semaines après. Aucune chance de m'expliquer, bien que je n'aurai pas su quoi lui dire, à part que j'étais désolé, que j'étais qu'un idiot d'avoir fait ça, mais ça n'excusait pas ce que j'avais fait, j'étais coupable, je le savais, c'est pourquoi je ne m'étais pas battu, mais aujourd'hui, je regrettais de l'avoir laissé faire. De ne pas lui avoir montré à quel point j'étais désolé, qu'elle était et est la seule et unique femme que je voulais. Mais j'étais trop anéanti par tout ça, et surtout, je me disais qu'elle serait bien mieux sans moi. Après tout, je l'avais fait souffrir, comme jamais personne ne l'avait fait. Et elle ne méritait pas ça.
Je pris une profonde respiration alors que les portes de l'ascenseur se fermèrent derrière moi et qu'il se mit à monter. Je la regardais qui commençait à s'agiter. C'était mauvais signe. Je le savais. Au bout d'un an, même sans la voir, je la connaissais encore, par coeur. Je savais qu'elle commençait à paniquer. Et j'étais conscient que tout ça, c'était à cause de moi. Je baissais rapidement la tête et soufflais en gardant mon calme. Il fallait au moins que l'un d'entre nous soit calme non ? Je relevais mon regard et la regardais. Calme, sans rien dire, alors qu'elle s'excitait contre les portes. "Lane ..." Dis-je alors qu'elle se mit à frapper plus fort avant que l'ascenseur ne fasse une grosse secousse, durant laquelle je m'accrochais à la rampe en attrapant alors la main de Lane sans le vouloir. Je me redressais et fronçais les sourcils. "Qu'est-ce que..." Je lâchais alors sa main et m'approchais des portes puis des boutons en appuyant partout. "Qu'est-ce que tu as foutu ?!" On avait dit calme non? Je n'étais pas doué, vraiment pas, surtout lorsque je savais qu'il y avait Lane et que j'étais la dernière personne qu'elle souhaitait voir. "On est coincés..." Je soupirais et attrapais alors le téléphone de secours tout en me tournant vers Lane, sans apercevoir ses quelques larmes au bord de ses yeux. "Pas de réseau..."

•• Je n’avais pas envie de rester une seconde de plus dans cet ascenseur. Je ne pouvais pas, c’était bien trop dur. Le pire pour moi, c’est que j’étais incapable au final de lui hurler dessus. J’aurai probablement dû faire ça, au tout début de notre séparation pendant que c’était encore frais. Mais j’avais laissé ma peine, ma tristesse et surtout ma colère mariner à l’intérieur de moi depuis maintenant plus d’un an. Autant dire que ça se bousculait à l’intérieur de moi. Les montagnes russes à côté, c’était de la rigolade. J’aurai pu tuer Caddie à coup de sac à main, et mettre un coup de pied entre les jambes à Clide pour savoir ce que ça fait d’être trahie. Mais j’étais incapable de faire du mal à quelqu’un, même verbalement. J’étais une petite chose fragile, qui pleurait à chaque coup de travers. Comme maintenant, dans une situation de panique la plus totale. Là, j’avais besoin de Kathie. Il fallait absolument qu’elle vienne me chercher. Je n’étais plus capable de faire quoi que ce soit. Aujourd’hui, j’avais la palme d’or de la bêtise humaine. J’avais coincé l’ascenseur par on ne sait quel moyen. Bah oui, en appuyant comme une folle sur tous les boutons. Je sentais la main de Clide dans la mienne. Elle me donnait presque un électrochoc. Ce geste, il y a quelques temps, aurait pu passer pour un geste totalement anodin. Une marque d’affection dans un couple. Là, ça me répugnait plus qu’autre chose. Je m’empressais de retirer ma main, quitte à tomber sur le sol. Tout mais pas de contact avec lui. Je ne le supportais pas. « Qu'est-ce que tu as foutu ?! » Je croisais les bras contre ma poitrine, tentant de fuir son regard. J’avais du mal à contenir mes larmes. « Sortir d’ici, et éviter de partager le même oxygène que toi. » disais-je, sèchement. Je m’étais presque choquée moi-même d’avoir pu lui parler. D’installer un semblant de conversation avec lui. Ce que je me refusais à faire depuis un an. C’était difficile. Je reculais, pour me mettre vers le fond de l’ascenseur. « Pas de réseau… » Et merde. J’avais vraiment fait une grosse connerie. Je sortais mon portable de ma poche, composant le numéro de Kathie. « Le service est temporairement indisponible veuillez rappeler plus tard. BIIIIIIIP BIIIIIIIP. » J’avais envie de jeter mon téléphone à terre. Il fallait que je garde mon calme. Je penchais la tête en arrière, séchant le début de larmes qui me montaient aux joues. Je ne pouvais rien dire de plus. Trop préoccupée à ravaler mes larmes et surtout à éviter de croiser son regard à tout prix. ••

Au bout d'un an, j'avais perdu espoir, de la recroiser, par hasard, je savais ce qu'elle faisait, où elle était, ses habitudes, j'étais flic, je savais tout et je savais aussi que si je la suivais partout -chose que j'aurai voulu faire- c'était de l'harcèlement et je n'étais pas encore tombé aussi bas. Au début, j'avais voulu, lui parler, la forcer à me parler, mais j'avais très vite compris qu'elle n'avait plus envie de moi dans sa vie, c'était comme si toutes ses dernières années n'avaient jamais eu lieu et bien si je devais certainement mériter tout ça, je ne comprenais pas comment elle pouvait tirer un trait sur toute une vie. Je ne pouvais me résigner à le faire, mais j'y avais été obligé, des amis en communs, qui me disaient d'arrêter, de la laisser tranquille, la laisser repartir à zéro et refaire sa vie, sans moi. Le problème? Je n'en avais pas envie. Dans l'histoire j'étais un monstre, j'avais la mauvaise position, je le savais ça, mais tout le monde fait des erreurs non? Je m'approchais des portes et tentais de les ouvrir par moi-même mais impossible, elles étaient bloquées. Je restais alors dos à elle pendant qu'elle me disait que tout ce qu'elle voulait c'était être loin de moi. Je baissais la tête sans réagir et sortit mon téléphone pour voir l'état du réseau. Mais rien. Je soupirais légèrement et ne changeais pas de position. Autant lui facilité les choses. "Plus qu'à attendre la maintenance..." Dis-je en fixant les portes, sans bouger d'un centimètre. Ca ne servait à rien de me jeter sur elle pour lui parler, elle n'était pas en état de discuter. Trop paniquée. Même au bout d'un an, je savais comment elle fonctionnait. "Tu restes dans ton coin et moi dans le mien, comme ça tu n'auras pas à respirer le même oxygène que moi... Enfin un minimum." Dis-je alors sèchement. Je baissais mon regard sur mon talkie walkie et tenter de capter quelque chose mais rien n'y faisait. On avait plus qu'à attendre que quelqu'un vienne remettre l'ascenseur en marche.

•• Me retrouver dans la même pièce que lui devenait difficile. Pourtant il y a quelques années, j’aurai très bien pu profiter de cette panne pour prétexter autre chose… Mais là, c’était désormais impossible. Je ne pouvais même plus le regarder en face. Caddie lui faisait du pied depuis un bon moment, mais je ne pensais pas que Clide cèderait un jour à ses avances. Je m’étais bien trompée. Je détestais que l’on remette en jeu la confiance que j’accordais aux gens. Avec Clide, c’était bien plus que ça. Je m’étais engagée avec lui, dans bien plus qu’une relation de couple ordinaire. Je m’étais engagée « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». J’étais issue d’une famille très croyante, donc imaginez un peu ce que j’ai vécu. Pour moi, notre mariage signifiait que j’allais passer le restant de mes jours avec cet homme. Le pire des cas, c’est lorsque j’ai découvert que j’étais enceinte de lui. Bien évidemment, après l’avoir découvert dans les bras de Caddie. Je m’étais séparée de ce… fœtus. Pour ne pas dire bébé. Ça me faisait trop mal d’y repenser. Mais je ne pouvais pas assumer un bébé seule, et je ne voulais surtout pas à avoir à me partager la garde avec lui. Cela signifiait que je devais le revoir, et je me refusais à ça. Malheureusement aujourd’hui, j’étais tombée sur lui. Il fallait bien que ça arrive à un moment ou à un autre. Je ne m’y étais absolument pas préparée. Le revoir me provoquait pourtant toujours le même effet. Bien sûr que j’étais encore amoureuse de lui. Mais j’avais trop mal au cœur pour lui redonner une seconde chance. Je ne pouvais pas. Je me sentais trahie, bafouée. Et trahir l’honneur d’une femme, c’était difficilement pardonnable pour un garçon. «Tu restes dans ton coin et moi dans le mien, comme ça tu n'auras pas à respirer le même oxygène que moi... Enfin un minimum. J’eus un sourire nerveux. « Comme si c’était si simple… » Non en réalité c’était aussi dur. Le pire, c’est que je ne pouvais pas rester. Et si en plus, on commençaient à perdre de l’oxygène qui sait j’allais peut-être mourir à ses côtés. Génial. Je l’observais en train de jouer avec son talkie-walkie. Bah non, on étaient assez éloignés du poste de police donc personne ne pouvait nous entendre. Je me relevais, puis me raclais la gorge. « Au secouuuuuuuuuuuurs !! Nous sommes coincés dans l’ascenseur, venez nous aider ! » disais-je, en tapant ma main contre l’ascenseur. J’espérais que quelqu’un puisse nous entendre. Je collais mon oreille à la paroi. Aucun bruit. « Bon… Eh bien, je crois qu’on va rester là. » disais-je, non réjouie par la situation. ••

Je soupirais de cette situation, et pourtant je ne pouvais m'en prendre à moi-même. Sa réaction était peut-être excessive, mais Lane n'avait pas de limites, pour rien. Il y a un an, pendant que tout allait bien entre nous, elle aurait pris avantage de cette situation plutôt que de piquer une crise. Je gardais mon sang froid et la regardais en soupirant. "C'est pas simple pour moi non plus." Dis-je simplement en trafiquant encore mon talkie walkie même si je savais que c'était déjà cause perdue. Au moins ça m'occupait un peu. Je la regardais surpris et m'écartais alors d'elle afin de lui laisser la place. Elle s'affolait et je savais que si j'allais pour la secouer, ça allait empire, parce que j'étais la dernière personne dont elle avait besoin, elle n'avait plus besoin de moi, mais de sa soeur et c'était impossible à cet instant là. Je soupirais légèrement et observais son comportement pendant quelques secondes. "Ca n'arrangera rien ! Crier n'arrangera rien!" Dis-je en haussant le ton pour qu'elle puisse m'entendre. Parlais-je de la situation actuelle ? Ou alors de notre situation ? Peut-être des deux, je ne savais pas moi-même ... Je soupirais encore une fois, vivement que la maintenance remette l'ascenseur en marche, parce que je n'allais pas tenir. "Ouais, je crois aussi." Dis-je en allant m'asseoir dans un coin.

•• Je m’en voulais d’avoir taper comme une dératée sur le tableau de bord, pour pouvoir sortir. J’allais sortir d’une manière ou d’une autre. Mais connaissant Clide, il allait m’interpeller pour me parler. Me demander si j’allais bien. Est-ce que j’avais la tête d’une fille qui allait bien ? Non, j’étais simplement une fille qui essayait de refaire sa vie et qui essayait d’oublier les traits de son visage, le ton de sa voix, ses petites manies. Le revoir provoquait en moi un électrochoc, dont j’avais du mal à me remettre. Un an sans le voir, c’était long. Et je me sentais de plus en plus mal à l’aise. J’avais envie de sortir d’ici, et surtout sentir l’air. Je commençais à étouffer là-dedans. Heureusement qu’il ne faisait pas très chaud à Wexford. Sinon j’aurai très bien pu m’évanouir à cause de la chaleur. C’était la grande classe pour une femme qui exerce le métier d’infirmière à domicile. Mais je n’étais pas n’importe qui. J’étais quelqu’un avec la santé, mais aussi le mental fragile. Me retrouver en face de la personne qui m’a fait le plus de mal dans ma vie, n’était certainement pas avantageux pour moi. « Pourquoi ? Parce que tu ne peux pas aller retrouver Caddie après ? » Ca me sortait de la bouche tout seul. C’était finalement peut-être le bon moment pour s’expliquer. Ou du moins tenter de s’expliquer dans le calme. Chose que je ne pouvais pas faire puisque j’étais en train d’hurler de toutes mes forces pour que quelqu’un m’entende. « Ca n'arrangera rien ! Crier n'arrangera rien! » C’est vrai, il avait raison. Ça n’allait que faire augmenter ma panique qui était déjà à son taux record. « Tu es la dernière personne à qui j’ai pensé pour mourir Clide ! D’accord ? Pourtant je n’ai pas le choix ! » disais-je, sèchement. Je me rasseyais à ma place, observant Clide faire de même. Je le regardais du coin de l’œil. Qu’est-ce qu’il foutait là d’ailleurs ? « Tu m’as suivi ? » disais-je, d’une voix brusquement calme. Oui, j’essayais de rester calme mais dans cette situation c’était difficile. J’espérais entendre l’ascenseur se remettre en place rapidement. ••

À quoi m'attendais-je de toute façon ? Elle n'allait pas m'accueillir les bras ouverts, ça je l'avais bien compris. Au bout d'un an sans nouvelles d'elle, je ne pouvais rien faire d'autre. Je savais que notre histoire était finie et qu'elle n'avait aucune intention d'y retourner. Du passé. Il fallait juste que je l'accepte et c'était plutôt difficile à accepter, parce qu'elle était la femme de ma vie, un point c'est tout. Mais que faire quand cette personne ne voulait plus de vous dans sa vie ? À quoi bon se battre si ce n'est que pour perdre des forces ? J'avais longtemps espéré que tout rentre dans l'ordre, un jour ou l'autre, mais c'était toujours la même merde. Un appartement vide, avec le peu de meuble, parce que j'espérais encore, et puis si je commençais à le meubler, à le décorer à la manière, ça mettrait réellement un terme à notre histoire ... Je soupirais légèrement et regardais Lane alors qu'elle mentionnait le nom de Caddie. Je ne dis rien pendant quelques secondes mais si elle voulait jouer à ça. Pourquoi pas. Je n'avais plus rien a perdre, puisque je l'avais déjà perdue. "Oui, elle m'attend à notre appartement. Dis-je a mon tour sèchement. Bien sur ce n'était que pure mensonge mais je ne comptais pas me laisser faire. Ce n'était pas au bout d'un an qu'il aurait fallu avoir cette conversation. Je retournais M'installer par terre dans mon coin puis je me mis à rire à sa question, vraiment, elle pensait vraiment que je n'avais plus que ça a faire ? Je la regardais en riant encore. Je n'ai malheureusement pour toi, pas que ça a faire. Et grâce à toi, je vais être en retard au boulot. je laissais quelques secondes passaient avant de reprendre en la regardant assise dans son coin. "Je n'ai pas envie de mourir avec quelqu'un qui ne veut plus rien a faire avec moi si tu veux savoir.

•• Je n’allais certainement pas lui jeter des fleurs à la figure après ce qu’il m’avait fait. Pour moi, c’était de la haute trahison. Il avait juré fidélité devant notre bon Seigneur Dieu et il avait trahit cette promesse. Pour moi, il n’était plus digne de retrouver l’amour que j’éprouvais pour lui. Bien que j’en avais encore bien évidemment. Je ne pouvais pas oublier l’homme avec qui j’ai failli partager le restant de mes jours. Justement, j’avais de plus en plus de mal à rester loin de lui. Je m’étais promis de ne pas aller le voir, de ne pas roder autour de son appartement. Après tout, c’était à lui de venir pas à moi. Et je suis restée sans le voir pendant un an. Un an, c’était long bien trop long. Mais j’étais tellement en colère contre lui que j’eus le temps de peaufiner mon discours mélodramatique pour le jour où il tenterait de venir me voir. Or, ce jour n’était pas arrivé. Il a fallu qu’on arrive à être coincé dans un ascenseur pour ça. Alors oui, dans un sens j’étais bien contente d’être enfermée en y réfléchissant. Il était là, et là personne ne pouvait partir. Même si je savais que j’allais être la première à sortir de toute façon. Les explications commençaient bien. Sur le ton de l’agressivité bien évidemment. « Tu lui passeras le bonjour de ma part. En lui disant de ne pas se pointer dehors pendant le peu de temps qu’il lui reste à vivre. » disais-je, avec une pointe de sarcasme. J’étais dégoûtée. Qui sait, peut-être qu’il était encore avec elle et qu’il avait fait sa vie tout simplement. Et moi je continuais à me morfondre sur mes vieux os. Lui il profitait bien. Je me rendais compte que je venais de bouffer une année à pleurer tous les jours, pour rien. « Tu t’en foutais du retard quand tu te l’a tapais au supermarché je te rappelle. » disais-je, avec un faux sourire. Bah quoi, c’était vrai non ? J’avais envie d’effacer ce souvenir de ma mémoire, mais c’était impossible. Cette vision d’horreur me hantait. « J’ai peut-être des raisons non ? C’est toi qui m’as trompé, pas moi ! » disais-je, énervée. « Tu n’as pas pensé à moi quand tu étais en train de la déshabiller non ? Alors oui, j’ai des raisons. » Je reprenais ma mine boudeuse, séchant les larmes qui coulaient sur mes joues. ••

Je restais silencieux et aussi dans mon coin en tentant le plus possible de ne pas m'énerver, bien qu'elle ne rendait pas du tout les choses faciles, en effet, pourquoi ne pouvait-elle pas m'ignorer comme ces douze derniers mois? Hein? Elle avait pourtant très bien réussi ... Je ne pouvais pas me plaindre parce que si on en était là, c'était tout de ma faute, et dire que chacun avait son rôle dans la chose, était trop facile n'est-ce pas? Vraiment ? Mais ça devait bien être le cas? Un moment d'égarement n'arrive pas tout seul non? Il faut bien une origine, un point de départ je suppose ? Je soupirais en secouant la tête et regardais le haut de l'ascenseur sans rien dire. "Le message sera passé, t'inquiètes pas." Dis-je sans être sérieux. Caddie? Je ne l'avais pas revu depuis la première et dernière fois ... Comment revoir la fille qui avait ruiné mon couple? Impossible. Continuer ma vie et la refaire avec Caddie? Ce n'était pas vraiment ce que je voulais de toute façon. C'était la dernière chose que je voulais et si je pouvais retourner en arrière, je le ferai. "Oui je t'ai trompé et alors? T'as tué notre enfant." Dis-je en me retournant, plutôt énervé. Je la regardais dans les yeux remplis de haine. "T'as tué notre bébé, je t'ai trompé. Et on peut rien faire pour changer tout ça. Alors passes à autre chose puisque tu ne veux plus me voir!" Je soupirais légèrement et tournais ma tête pour regarder ailleurs. "Refait ta vie!"

•• Ça devenait de plus en plus compliqué de rester dans la même pièce que lui. Le même endroit confiné, en plus. Avec l’impossibilité de sortir en plus. J’aurai aimé avoir un pouvoir magique et pouvoir m’échapper de cette pièce. Et rayer cette discussion de ma mémoire. Ça me faisait mal. Bien qu’il faille avoir cette discussion, j’aurai préféré m’en passer. A chaque fois que je le regardais, les souvenirs remontaient dans ma mémoire. Notre mariage, sa demande en mariage, notre nuit de noce… Et les souvenirs plus lointains de l’école, notre premier baiser. Ça devenait une torture, qui fallait faire cesser au plus vite. Plus vite l’histoire sera réglée, plus vite j’allais partir d’ici. Mais ça, j’étais loin de me douter que j’allais rester beaucoup plus que de simples minutes ici. Ce que Clide m’envoyait à la figure par contre, c’était bien plus que violent. Il n’avait pas tort, mais si j’avais fait ce geste désespéré, ce n’était pas pour rien. Je ne pouvais plus le regarder en face. « Oui je t'ai trompé et alors? T'as tué notre enfant. » Une grosse gifle imaginaire frappait ma joue de plein fouet. Je pleurais, et là maintenant je ne pouvais plus me cacher. « Ce n’était qu’un fœtus Clide ! Pas un enfant ! Et je ne voulais surtout pas un enfant dont le père est le pire des goujats ! » disais-je, en haussant le ton. La discussion prenait des proportions astronomiques, mais il fallait que ça sorte. Peut-être que ça allait me faire du bien, et peut-être même à Clide. Peut-être que cette dispute allait sonner véritablement la fin de notre histoire. « T'as tué notre bébé, je t'ai trompé. Et on peut rien faire pour changer tout ça. Alors passes à autre chose puisque tu ne veux plus me voir! » Comme si c’était si facile… « Et pourquoi toi, tu ne refais pas ta vie hein ? Il me semble que Caddie était prête à donner toutes ses dispositions pour toi. » Et bien évidemment, cette fille lui avait donné son corps en premier lieu. Facile pour essayer d’avoir un homme que d’écarter les cuisses. Cette fille me dégoûtait. C’était elle qui avait brisé ma vie, et elle avait commencé tôt. « Parce que tu crois que c’est si facile ? Tu crois que l’on peut effacer toutes ces années d’un claquement de doigt ? On étaient mariés Clide ! Tu m’avais juré fidélité devant Dieu. » disais-je, en éclatant en sanglot. Je plaçais une main devant ma bouche, pour éviter de pleurer trop fort. J’avais de la retenue, mais là je ne pouvais plus me cacher. La fidélité pour moi c’était important, de plus j’étais hyper croyante. Il avait trahit la parole du seigneur pour moi. Et ça, c’était difficilement pardonnable, même si le seigneur sait pardonner à n’importe quel pêcheur. ••

Bien sûr que je savais que c'était de ma faute si elle avait fait cet acte irrémédiable qu'est l'avortement. Et pourtant, je ne pouvais lui pardonner, avoir faire une telle chose, elle qui était si croyante, trop croyante que ça me cassait le cul de temps en temps, mais je l'avais accepté, elle et ses défauts, son dévouement pour la religion. Me lever tous les dimanches matins pour pouvoir aller à la messe ... J'avais fait tellement de sacrifices pour elle, qu'au final, quand on y réfléchissait, elle n'en avait pas fait beaucoup. J'avais changé pour elle, je m'étais rangé dans la droit chemin ... J'étais devenu sage, ennuyeux ... En y réfléchissant, j'étais passé à côté d'une adolescence de folie, faire la fête, j'avais laissé tombé ça, oui j'étais populaire au lycée, elle l'était devenue par la même occasion, mais tout ce qu'on faisait c'était selon elle, ses envies, ses goûts. Oui, on s'était rendu à quelques fêtes, parfois j'y allais sans elle, mais quand on voit tous ces films où les étudiants font la fête tous les week-ends, ça je ne l'avais pas vécu. C'était peut-être pour ça que j'avais eu besoin d'un peu de folie ... Une grosse folie, très débile, mais oui, du changement, dans notre routine, à seulement 27 ans, je me sentais comme un vieux, qui se levait tous les matins pour aller bosser et rentrer le soir pour retrouver sa petite femme ... C'était peut-être ce qu'elle voulait elle, mais au final, ce n'était pas ce que je voulais. Mais pour elle, j'étais capable de tout, vivre une petite vie tranquille, fonder une famille, être père alors que c'était l'une des dernières choses que je voulais. Elle m'avait transformé. Et ça me plaisait, enfin, presque. Mais il fallait bien faire quelques sacrifices pour la personne qu'on aime. J'avais juste eu besoin de profiter une dernière fois de ma vie, de mon charme, de ma jeunesse avant de devenir un vieil homme. J'avais choisi le mauvais moment, le mauvais endroit pour faire ça ... Et ça m'avait tout coûté. Oui, j'assumais mes fautes. Mais avait-elle conscience de sa participation dans l'échec de notre couple. Je ne crois pas. Mais je n'étais pas capable de lui dire. Je ne le serais jamais. Je l'avais assez blessé. Et je me détesterais encore plus de la faire souffrir encore un peu plus. Je la regardais, énervé alors que je venais d'amener le sujet de notre bébé sur la table. Elle dégoûtait autant que je me dégoûtais sur cette histoire. "Foetus ou pas c'était notre bébé. Parce que tu crois que t'es bien placée? T'aurais été la mère la plus hypocrite. Après tout, le seigneur est contre l'avortement non?" Je soupirais et m'écartais d'elle en restant encore dans mon coin, j'avais envie d'exploser, vraiment, taper partout, mais je me retenais bien sûr. "Je te pardonnerai jamais d'avoir fait ça et tu me pardonneras jamais. Alors on est quittes." Dis-je en tournant mon regard vers elle, je la regardais dans les yeux, le souffle coupé, elle avait toujours le même effet sur moi. Bientôt je ressentirai ma gorge se serrer, des papillons dans mon estomac et toutes ces choses qui vont avec le sentiment de l'amour. Oui je l'aimais toujours, mais à quoi bon dépenser mon énergie pour rien ? Je savais qu'il n'y avait plus aucunes chances pour qu'elle me pardonne. "C'est ce que j'essaie de faire d'accord? J'étais justement venu meubler mon appartement qui est resté vide pendant un an. Parce que je pensais ..." Je marquais une pause et soufflais en relevant la tête pour ne plus à avoir à affronter son regard. "Je te demande pas de me pardonner d'accord? Je sais que toi et moi c'est fini. Tu me l'as très bien fait comprendre ces douze derniers mois pendant lesquels je n'ai même pas eu de nouvelles de toi. Message reçu." Je fermais les yeux et la laissais pleurer, quoique je fasse, elle n'avait pas besoin de moi. Je pouvais aller la prendre dans mes bras, mais je pense que ça me ferait trop de mal de devoir ensuite la lâcher, la laisser partir. Je préférais rien de tout ça.

•• Remettre mon avortement sur le tapis n’était pas vraiment la meilleure chose à faire. A vrai dire, il ne fallait pas. C’était récent, et j’avais encore du mal à me dire que j’avais fait ce geste impardonnable alors que l’Eglise y était parfaitement contre. J’avais fait une erreur, bien entendu. Mais je ne pouvais pas élever un enfant dans l’optique de devoir revoir son père. Je ne pouvais pas le concevoir. De plus, avoir la garde partagée non merci. Je désirais un enfant conçu dans l’amour parfait d’un foyer. Je rêvais un peu trop de la famille parfaite, avec la grande maison le grand jardin et le chien. Je réalisais que je n’avais rien de tout ça, à cause d’un petit écart de monsieur. Je pensais qu’après m’avoir juré fidélité, il allait passer le restant de ses jours avec moi. Mais je réalisais qu’en fait il n’avait pas changé avec moi. Au contraire, il avait simplement refoulé sa véritable personne pour au final craquer. Ce n’était pas le Clide que j’aimais, c’était clair et précis. Il pouvait m’en vouloir, je le comprenais. Mais il était le plus fautif de nous dans l’histoire. Je n’aurai pas commis cet acte s’il ne m’avait pas trompé. Pour moi, c’était la fin de tout. Je ne pouvais pas recoller les morceaux comme ça d’un claquement de doigts. Lui pardonner allait être difficile, même si le Seigneur demandait à chaque fois de pardonner nos péchés. « Un bébé qui n’allait pas avoir son père à ses côtés, un enfant qui devra faire la navette entre la maison de son père et de sa mère, devoir faire un choix entre les deux… Non, je ne pouvais pas élever un enfant dans ces conditions. » disais-je, d’une voix plus calme. La crise était bel et bien là, je voyais que Clide était à deux doigts de craquer. « Qui doit se sentir le plus fautif dans l’histoire ? Si tu ne m’avais pas trompé, on n’en serait probablement pas là aujourd’hui. » Je baissais la tête. Je n’en pouvais plus de repenser à tous ces moments que j’avais partagé. Et la joie que j’avais ressentie lorsque l’on m’apprenait que j’étais enceinte… Quelques heures plus tard, je le voyais dans les bras de cette femme. Ca me faisait mal. Trop mal. Il pensait peut-être que pendant cette année qui venait de s’écouler, j’allais lui pardonner. Il rêvait peut-être. Mais j’en avais secrètement rêvé. J’avais rêvé que l’on efface tout et que l’on recommence. Mais ça ne se passait pas comme ça. Ca ne pouvait pas se passer comme ça. « Moi aussi, j’ai espéré. Moi aussi j’ai voulu revenir en arrière et que jamais tu ne puisses faire ça, mais le mal est fait désormais. Je ne peux pas te pardonner Clide. Nous étions heureux toi et moi, j’étais comblée. » disais-je, en laissant échapper quelques larmes de détresse. Le couteau se remuait de plus en plus dans la plaie comme s’il prenait un malin plaisir à faire ça. Je n’étais pas bien, j’avais juste besoin de réconfort. Et surtout, sortir de cet endroit confiné. ••

Ca suffisait, je n'en pouvais plus de me prendre tout dans la gueule, ne pouvait-elle pas juste passer à autre chose? Après un an, elle devrait y arriver. Elle ne devait plus m'aimer vu sa haine qui se voyait sur son visage à chaque fois que je croiser son regard. Je n'avais plus cette femme qui avait réussi à me faire changer le temps de quelques années, je l'avais perdu depuis bien plus longtemps, j'avais changé mais elle aussi. Nous nous entendions plus comme avant, on avait grandi ensemble, mais on avait fini par ne plus se ressemblait. C'était sûrement pour ça que j'avais besoin de changement, de renouveau, retrouver cette vie seul, de célibataire. J'avais pensé qu'avec mon divorce, ma vie prendrait un nouveau tournant, mais ce n'était pas le cas. J'avais toujours la trace de Lane dans ma vie et ça ne risquerait pas de changer. Je l'avais compris au bout d'un an, mais je devais tout de même essayer. Et ça commençait par meubler mon appartement, sortir plus souvent, faire de nouvelles rencontres. Se remettre sur le marché quoi. Mais quelque chose n'empêcher de l'avant. Des affaires non résolues avec mon ex femme. Je soupirais et la regardais, bien sûr que c'était de ma femme, je le savais ça. Je ne nierais rien. C'était moi qui avait embrassé Caddie. "Un bébé quand même." Dis-je doucement en la regardant avant de venir taper de nouveau contre les portes de l'ascenseur avec l'espoir que quelqu'un vienne nous aimer. Je me retourne brutalement et la regarde en soupirant. "Je te demande pas de me pardonner ? Ok ? Si tu crois que je veux retourner une seule seconde avec toi après ce que tu as fait ... T'as tord." Dis-je en tentant de cacher qu'en réalité, je mentais. Enfin je crois.

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