Numéro 1212 - Bienvenue à la maison ! feat. Torrey ♥

La décision de déménager en Irlande n’avait pas été très facile à prendre. Je dois admettre que j’avais légèrement peur de me retrouver ainsi éloigné de ma famille et de mes amis. Seulement, je savais que Kovu serait avec moi quoi qu’il arrive et ça c’était suffisant pour me convaincre. Nous avions donc passé trois bons mois après avoir compris que j’étais réellement enceinte cette fois à chercher une belle petite maison là-bas. Nos parents allaient, bien entendu, nous aider à payer le tout –disons que leurs moyens étaient légèrement plus élevés que les nôtres. Au bout d’un temps, nous avions finalement craqué pour une très belle maison relativement simple dans un quartier résidentiel où plusieurs autres familles s’étaient déjà installées depuis des années. Nous serions donc probablement très à l’aise par là-bas et j’étais heureuse.

Nos affaires ayant pour la plupart été envoyés avant notre arrivée, nous avions du vivre quelques jours avec le strict minimum ce qui ne me dérangeait pas vraiment. Ce qui me dérangea le plus, pour être franche, c’était de devoir laisser ma voiture –enfin, celle de Brandon- à Santa Fe, chez mes parents. J’avais une grande appartenance sentimentale à cette voiture et il m’en coûtait énormément de la laissé derrière. Résigné, j’avais décidé de ne pas y penser et de simplement me concentrer sur ce nouveau départ. N’était-ce pas là ce que j’avais toujours voulu? Être mère de famille, au foyer, m’occupant de mes enfants alors que mon mari travaillait? Difficile à dire après trois ans d’études en droit, mais peu importe maintenant.

Kovu se gara finalement dans ce qui devait être notre entrée et je souris en voyant enfin la maison en personne. C’était magnifique et j’étais certaine que j’allais m’y plaire. Le moteur de la voiture s’arrêta et mon chéri vint m’ouvrir la porte, tout sourire. "Bienvenue chez nous mon amour." Il m’embrassa et je lui souris à mon tour. Tout ira bien Torrey, ne t’en fais pas –me dis-je pour me convaincre. Je me suis arrêté un moment devant la maison, la regardant impressionnée et constatant par le fait même qu’ici il faisait beaucoup moins chaud que chez moi. Heureusement, j’avais prévu le coup.

Entrant finalement dans ce qui était désormais notre chez nous, Kovu me fit visiter les différents pièces où partout s’empilaient les cartons. Découragé et me demandant comment tout ça avait bien pu arriver ici –il me semble que j’avais beaucoup moins d’affaire que ça et Kovu de même- je souriais tout de même en voyant déjà l’aménagement que nous pourrions donner à ces pièces. Se tourna finalement vers moi après la visite, mon guide m’enlaça et je ne pu m’empêcher de lui sourire largement en passant mes bras autour de son cou. "C'est toi qui commande aujourd'hui. Tu veux qu'on commence par quelle pièce ?? J'avoue que j'aimerais bien commencer par notre chambre..." Je souris de plus belle, comprenant rapidement que si nous commencions par cette pièce, nous n’avancerions pas très vite aujourd’hui. D’ailleurs, lorsqu’il commença à m’embrasser dans le cou, je fermai les yeux en soupirant doucement. Il était si parfait. « Nous pourrions… commencer par faire le lit alors? » Dis-je en prenant sa main pour nous diriger vers ce qui était la chambre des maitres.

Une fois la chambre atteinte, Kovu ne mit pas beaucoup de temps avant de me prendre dans ses bras et de me porter jusqu’au lit où aucune couverture n’avait encore été installé. Regardant autour de nous, je constatai rapidement que nous avions vachement plus de boulot que nous pouvions l’imaginer. Un déménagement n’était pas chose facile et, merci mon Dieu, nous avions eu la merveilleuse idée de faire porter toutes nos affaires ici d’avance. Vous imaginez si nous aurions eu à entrer tous ces cartons avant de les vider pour tout placer. Je serais sûrement morte d’épuisement en plus de devoir passer un temps impressionnant à la tâche. M’embrassant doucement, Kovu murmura ce qui me sembla être une plainte d’enfant capricieux, mais qui me fit tout de même sourire largement. "Amour, tu crois qu'on est obligé de déménager aujourd'hui ?? J'ai plutôt envie de rester avec toi." Je le serrai fortement contre moi, contente de voir que nous étions sur la même longueur d’onde. J’avais, moi aussi, la seule envie de passer du temps en sa présence sans avoir à faire des allers-retours entre toutes ces boites durant des heures. Seulement nous n’avions pas le choix si nous voulions avoir du temps à nous tranquille un jour. Je rigolai donc doucement avec lui tout en posant un léger baiser à la commissure de ses lèvres avant qu’il ne se lève et aille ouvrir une boite au hasard.

Je le regardai faire pendant un moment alors qu’il regardait ça et là pour savoir ce que contenait les cartons et j’allais me lever lorsqu’il me dit tout bonnement : "Bon alors tu reste allongée sur se lit et tu me dis où je dois mettre chaque objets, d'accord mon cœur ??" Je ris d’abord, croyant qu’il me faisait des blagues et répondit à son baiser avant qu’il ne retourne à cette boite avec tous nos cadres dedans. Posant un pied au sol dans l’intention de me lever pour l’aider –qu’il le veuille ou non- je fus rapidement stopper par le regard inquisiteur de mon chéri. Dans sa main je pu voir qu’il tenait un cadre contenant une photo de moi et Brandon le jour de notre mariage. Je déglutis et j’eu l’impression de chanceler alors que je n’étais même pas encore au sol. Seigneur. Qu’est-ce que ça faisait là. Il voulait des explications, ça ce voyait sur son visage. Je n’avais pourtant aucune réponse. De tout mon séjour à Harvard je n’avais jamais pu afficher cette photographie, désirant garder mon passé secret. Qu’avais-je donc pensé en le prenant avec moi ici, que je pourrais tout bonnement la mettre sur ma table de nuit? C’était ridicule et je me trouvais vraiment stupide. Prenant finalement mon courage à deux mains et sentant la tristesse former une boule dans ma gorge, je me levai et pris cette photo avant de me retourner, la serrant contre mon cœur en fermant les yeux. J’aurais voulu que Kovu comprenne, qu’il soit compréhensif par rapport à tout ça. Mais Brandon était mort depuis longtemps maintenant et je ne pouvais pas lui demander de vivre avec le fantôme de mon ancien mari, c’était beaucoup trop. Cherchant toujours mes mots, je murmurai finalement : « Je suis désolé…. Vraiment je… j’aurais du la laissé chez mes parents… je la remettrai dans un carton. » J’avais terminé ma phrase en me retournant vers lui, affichant un semblant de sourire, tentant de me convaincre bien plus que de ne le convaincre lui.

Un sourire étira les lèvres de Kovu, mais un sourire qui me fit mal. Profondément mal même. Il n’était pas heureux et je pouvais totalement comprendre, mais j’avais l’impression que ce sourire était volontairement méchant. "Arrête de dire n'importe quoi Torrey ! Tu n'as aucune envie de la mettre dans un carton parce que tu veux la voir ! Tu l'aime encore. Tu n'as jamais aimé que lui même aujourd'hui." Un instant! C’était tout à fait faux. Bien sûr que j’avais aimé Brandon et jamais je ne cesserais totalement de l’aimer, mais il n’avait pas le droit d’affirmer que je n’aimais que lui depuis toujours et encore aujourd’hui! Pas après tout ce que nous avions vécu durant ces derniers mois. Brandon faisait parti de mon passé et Kovu de mon présent et de mon avenir. C’était de lui dont j’étais amoureuse. C’est avec lui que je vivais désormais bien loin de chez moi et par-dessus tout c’était de lui que j’étais enceinte et je ne regrettais rien de tout ça! Alors pourquoi dire de telles bêtises si ce n’était pour me blesser? Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine et je portai une main à celle-ci comme pour le retenir de me blesser d’avantage. Je voulais protester, mais j’étais incapable de prononcer quelques mots que ce soit. Kovu, je t’en pris, ne soit pas comme ça. Il jeta un cadre sur le lit et je sursautai légèrement, fermant brièvement les yeux comme si je m’attendais à ce qu’il éclate ou qu’il tombe dans un fracas, fracas qui ne vint jamais puisque le lit était mou et avait freiné sa chute. J’allais enfin répliquer, ouvrant la bouche pour parler, avant qu’il ne reprenne me faisant aussitôt fermer la bouche. "Tu va me demander quoi la prochaine fois ?! Que notre fils s'appelle Brandon Junior, comme le père qu'il aurait dû avoir ?! Parce que oui, là j'ai plus l'impression que le vrai père de cet enfant c'est lui et pas moi !" Je n’eu même pas le temps de mettre mes idées en place qu’il sortait déjà de notre chambre en claquant la porte. Alors c’était ça d’avoir une réelle chicane de couple? Je veux dire, il nous était arrivé avant aujourd’hui de ne pas être d’accord sur quelque chose, mais jamais comme ça… Pourquoi devait-il être aussi incompréhensible à propos de Brandon et pourquoi devait-il toujours s’imaginer les pires scénarios? Jamais je ne lui demanderais une telle chose que de nommer notre fils Brandon, ce serait trop difficile, même pour moi. Et puis, ce serait, de toute façon, totalement ridicule. J’étais en colère contre Kovu et j’aurais voulu lui crier après. Mais pire encore, j’étais déçue et très triste qu’il prenne les choses de cette façon. J’avais l’impression qu’il me prenait pour une idiote et je détestais cela. Je n’avais rien d’une idiote et de quel droit me parlait-il sur ce ton? Brandon n’était pas le père de qui que ce soit. Brandon était mort et je crois qu’il méritait un repos calme et non que l’on balance son nom à tout va dans une dispute. Il n’était responsable de rien ici. Je l’étais et Kovu l’étais.

D’abord beaucoup trop en colère pour aller voir ce qu’il pouvait bien faire, je pris le temps de remettre le cadre dans un carton plus petit que je rangeai dans le haut de notre penderie. Là irait toutes mes affaires dont il ne voulait plus entendre parler et, en temps et lieux, je les renverrais à mes parents. Après quoi je pris ce cadre qu’il avait balancé sur le lit et vint l’installer sur notre bureau avant de finalement sortir de la chambre, entendant de la musique depuis cette pièce qui servirait à la fois de studio de danse pour Kovu et de bureau pour lui et moi. J’avais toujours la rage au cœur, mais j’étais arrivé à desserrer les poings ce qui était un bon départ. M’appuyant contre le cadre de porte, je le regardai danser avec un sourire presque imperceptible. Il était beau et talentueux et je n’avais aucune difficulté à me rappeler pourquoi je l’aimais et pourquoi je rêvais chaque jour de devenir sa femme et la mère de ses enfants. Seulement je détestais lorsqu’il agissait en gamin et qu’il nous faisait des colères inutiles comme il venait de le faire. Nous étions des adultes maintenant et il nous faudrait nous contrôler un peu mieux si nous voulions élever correctement notre bébé. La musique s’est arrêtée et il s’est retourné vers moi. Visiblement toujours en colère, il croisa les bras sur sa poitrine signe qu’il se refermait sur lui-même. « Kovu c’est totalement ridicule. Je ne peux pas croire un seul instant que tu penses ce que tu m’as dit tout à l’heure. Tu sais que je t’aime à la folie et que cet enfant est le tient, le nôtre. Brandon fait parti de mon passé et j’aimerais qu’il y reste à partir de maintenant. Tu ne reverras plus cette photo je te le promets et je suis sincèrement désolé de l’avoir prise ici avec moi. Seulement, je ne croyais pas qu’elle te dérangerait à ce point… J’ai été stupide, mais ça ne te donne pas le droit de me faire sentir comme tel. » Je baissai la tête, sentant les larmes me monter aux yeux. Voilà. La colère s’étant dissipée, une vague de tristesse m’envahit et j’avais bien du mal à la contenir. Fronçant les sourcils et avalant difficilement, je relevai lentement la tête vers lui, le regard embrouillé par les larmes et ne discernant plus très bien l’expression de son visage. « Ce que tu m’as dit était totalement injuste et blessant… Je ne veux plus entendre ce genre de chose… » Je m’étouffais dans un sanglot, rebaissant la tête et croisant à mon tour les bras sur ma poitrine, portant une main à mon visage pour y enfouir mon visage.