but is it too late to try ? - LEXIE

Je l'avais invitée au restaurant. Mais pourquoi diable l'avais-je invitée au restaurant ? Ainsi, dans la maison de mes parents, je me préparais lentement à ce combat perpétuel qui prenait enfin vie sous mes yeux. Je voulais lui parler de quelque chose, oui. De quelque chose qui me taraudait. Ce n'était pas comme tout le monde, d'une simplicité monstre, qui amenerait une petite dispute puis des retrouvailles. Non. C'était quelque chose qui s'immisçait dans mon esprit, me rendait fou, et me laissait vidé de toute joie. Je n'étais pas homme à crier, à me battre avec les mots. Non. La plupart du temps, je fuyais ce genre de confrontation. Alors pourquoi, dieu pourquoi l'avais-je invitée au restaurant ? J'avais trouvé ces mails. Ce n'était pas mon genre, d'aller sur l'ordinateur d'un autre pour aller fouiller dans ses affaires, mais l'écran était là, devant moi .. Je devais juste aller sur google, faire une recherche. Et cette petite fenêtre était apparue et avait attiré mon attention. Maintenant, j'étais dans un combat avec moi même. Je devais lui en parler ? Non, je ne le devais pas. J'étais tressé, mes mains tremblaient et j'avais fait tomber ma veste par terre au lieu de l'enfiler. Il devait être aux alentours de sept heures du soir, nous devions nous retrouver là bas une demi heure plus tard. Et moi, j'étais très perturbé.
Je m'étais habillé de façon classe, en rapport avec le restaurant auquel nous allions. C'était dans la partie touristique de la ville que je ne fréquentais que très peu, mais je m'étais dit, soyons fous. Gaspiller un peu d'argent dans de la nourriture que je n'apprécierais même pas, tout pour ma belle. Je voulais la rendre heureuse. C'était bien ça mon seul but. Le problème était qu'elle ne se confiait pas à moi, comme je pouvais le faire avec elle. Elle savait tout de moi. Mais après tout, il n'y avait pas grand chose à savoir : pas de mort dans la famille, pas de divorce, pas de scandale tabou. Rien. J'étais le fils d'une famille modeste qui avait su rester soudée même dans l'adversité. Et moi, j'étais ennuyeux. Rien qu'un météorologue de plus dans ce monde. Parfois, je me haïssais d'avoir une vie aussi tranquille. Et puis, je me rappelais que j'étais incapable de gérer une quelconque situation stressante et revenais à la réalité.Je m'étais rendu là bas à pied. Ce n'était pas une grande ville, et j'aimais fouler les trottoirs pour observer un peu les alentours. L'air était frais et je faisais des gestes étranges en marchant, essayant de me destresser avant ce rendez vous. J'avais comme l'impression qu'il ne se passerait pas bien. Finalement, j'arrivais devant le restaurant et au lieu d'attendre à l'intérieur, je décidais de rester dehors pour la voir arriver. Je me motivais intérieurement pour avoir l'air heureux, et affichais un petit sourire qui me faisait paraître fou.

Je triturais mes doigts indéfiniment, attendant ma délivrance. Était-elle en retard ? Je n'avais pas de montre à mon poignet et étais donc incapable de le déterminer. De toute façon, attendre cinq minutes de plus ou de moins ne changeait pas grand chose. Je ne savais pas si j'étais plus angoissé à cause de l'occasion ou à cause de ce que j'avais découvert sur son ordinateur, et essayais simplement de chasser ces pensées en chantonnant un peu. Et puis, je la vis. Cette cascade de mèche brunes, ce visage angélique, ce sourire .. ah, ce sourire. Je pris sur moi même de l'imiter, mais elle n'était sûrement pas dupe. « Je suis là. » Bien sûr que tu es là, et avant que je puisse dire quelque chose, elle m'embrassa rapidement sur les lèvres. J'aurais aimé un peu plus de temps collé à elle mais nous étions dans la rue et sûrement que les passants n'avaient pas envie d'assister à ce spectacle. Peut-être qu'elle accepterait de revenir chez moi après le rendez vous, même si mes parents étaient là, cela ne les dérangeait pas. « Je meurs de faim, on entre? » J'acquiesçais mais la jeune femme était déjà entrée dans le restaurant, nous choisissant une table. Elle était déterminée et savait faire des choix au contraire de ma personne, chose que j'appréciais beaucoup chez elle. Je m'assis naturellement en face de Lexie sur cette petite table de deux personnes et l'observais avec un sourire nerveux.

Un serveur s'approcha de nous et déposa des menus devant nos deux personnes. Je n'avais pas tellement faim à cause de ce nœud dans mon estomac, mais je ferais un effort pour Lexie. Il était impossible pour moi de casser l'ambiance de cette soirée sans me sentir coupable, alors, je faisais tout pour que cela n'arrive pas. Je fis une petite folie et commandais une bouteille de vin que l'on apporta bien vite avec deux verres qu'on nous remplit. Je regardais le liquide rougeâtre dans mon verre et le fis tourner un peu. Je souriais en direction de l'objet, n'osant pas regarder Lexie dans les yeux. « Je crois bien que c'est la première fois que je viens dans ce restaurant, c'est tellement étrange .. » C'était plus une pensée à voix haute qu'un début de conversation. Je relevais le regard pour Lexie et fus frappé comme à chaque fois que je la regardais par sa beauté. Ne m'en lasserais-je donc jamais ? Mais il devait y avoir tellement de gens envieux ou jaloux de celle-ci. Et des garçons.. « En fait, tu connais quelqu'un qui s'appelle James ? Enfin je suis bête, bien sûr que oui .. Parce que .. je n'étais pas du tout en train de fouiller, mais .. en fait je cherchais quelque chose et .. je suis tombé sur cet e-mail, je .. suis désolé. Je voulais pas te le cacher. » Je terminais pratiquement chacune de mes phrases par une excuse, c'était maintenant une habitude.