des fois, tu devrais tourner sept fois ta langue dans ma bouche. › conor

Elle s'était décidée. Ava s'était enfin décidée à passer cette fichue annonce dans le journal.
Elle y avait mûrement réfléchit, avait pesé le pour et le contre, avait conclu qu'il y avait beaucoup trop de contre et pas assez de pour, mais un seul coup d'œil à son relevé de compte avait suffi à la convaincre. Sa situation financière était vraiment dans le rouge, et vu les relations qu'elle entretenait avec sa mère, il n'était pas question de lui demander de l'aide. Surtout que la note d'honoraire de la cérémonie d'enterrement de son père s'avérait scandaleusement élevée pour un évènement de ce genre. C'était vraiment indécent.

Debout sur la plage, face à la mer, Ava avait les yeux fermés. Il était six heures du matin et, la combinaison baissée et roulée sur ses hanches fines, dévoilant un petit haut de maillot de bain aux motifs colorés, la jeune femme faisait ses habituels exercices de yoga et de respiration.
Une habitude qu'elle avait acquise en Australie, sa terre d'accueil, qui lui manquait un peu plus chaque jour passé à Wexford.
Dans quelques heures, ses élèves allaient arriver. Du moins l'espérait-elle. Car son téléphone n'avait pas sonné une seule fois depuis que l'annonce était parue. Elle était un peu nerveuse. Mais tant pis, avec ou sans compagnons de planches, elle affronterait les vaguelettes de la plage de Wex'.

Il était désormais près de 9h30, et la plage se parait de quelques touristes assez fous pour se risquer par ce temps plus que moyen, pour un plein été sur l'immense bande de sable humide. Les plages australiennes lui manquaient tant.
Ava avait déjà eu le temps d'aller à l'eau, depuis un long moment. Revenue sur la plage, elle était penchée par dessus sa planche, et essorait ses longs cheveux blonds détrempés.
Lorsqu'elle aperçu une ombre de plus en plus grandissante s'avancer vers elle.

:

J'me lève tôt, ce matin. C'est mon "jour de congé", si on peut dire ça. En fait, j'taffe que le soir, alors j'ai toute la journée de libre. Hier, j'ai vu une annonce dans le journal que ma mère achète tous les matins chez la boulangère d'en face. Des cours de surf, j'me suis dit que c'était une pas trop mauvaise idée pour occuper la journée de demain. Surtout qu'j'avais appris par un collègue qu'une fille qui bosse avec nous allait souvent sur la plage le matin. J'ai pas réfléchi, j'ai déchiré la page de journal, j'ai foutu le bout de papier dans ma poche et j'ai été travailler. Ce matin, je sors le bout de papier de la poche de mon pantalon jeté au pied de mon lit. J'regarde par la fenêtre, il fait beau, alors j'me lève, bien décidé à aller taper de la vague avec ce prof. J'm'habille, j'enfile un t-shirt blanc, un short de bain et j'sors de la maison en direction de la plage. Sur le chemin, j'rencontre des potes, je les salue, j'm'attarde pas. Puis j'arrive enfin face à la mer. J'scrute la plage un moment, puis j'remarque une fille penchée par dessus une planche de surf. J'cherche pas plus loin, personne d'autre ne fait du surf, ce matin. Alors j'me dirige vers elle et à mesure que j'avance, j'la reconnais. Ava, elle nous gardait, mon frère et moi, quand j'étais môme ! La pauvre, on s'battait pour elle du haut de nos dix ans, elle en a sacrément bavé.
— Hé, salut ! Alors comme ça, c'est toi la prof ? j'lui dis en enfonçant mes mains dans les poches de mon short, tout sourire et satisfait de voir Ava de retour.
Ma question est à double sens. Elle peut penser que j'la connais, lever la tête, me reconnaître moi aussi, ou elle peut croire que j'demande juste si j'me suis pas trompé de personne, qu'elle est bien l'auteur de l'annonce dans le journal.

hors jeuuuu :

Enfin l'ombre a côté d'elle se stabilisa, et lui parla.
— Hé, salut ! Alors comme ça, c'est toi la prof ?
Le temps de se retourner, et Ava se retrouva face à un jeune homme qui lui souriait de toutes ses dents incroyablement blanches. Elle en eut limite presque mal aux yeux. En tout cas, un sourire de ce genre vous donnait la pêche !

Elle prit quelques minutes avant de répondre au jeune homme. L'observant furtivement de la tête aux pieds, elle se rendit compte qu'il n'y avaient pas qu'les dents qui étaient canons. Derrière une apparence cool et sous des fringues relativement relax, Ava ne put s'empêcher de remarquer que son interlocuteur était remarquablement bien foutu. fuck.

Le pire, c'est qu'il lui disait vaguement quelque chose. Impossible de bien le remettre, mais ses traits lui étaient de toute évidence familiers. Mais où est-ce qu'elle l'avait rencontré, celui-là ? Et surtout, si elle l'avait rencontré, pourquoi l'avait-elle laissé filer ?
« - Euh ouais, c'est bien moi. lui dit-elle, tout à coup bien moins sereine et détendue. Pourtant, ses bonnes manières revinrent aussitôt et pour pas le faire fuir, elle lui tendit la main ; Ava. La prof. » ajouta-t-elle, pour parfaire les présentation.
Elle se tourna ensuite vers l'extrémité de la plage, où on apercevait une petite guérite qu'elle désigna du doigt ; « - Ils louent des planches, là-bas, pour les vacanciers. Viens avec moi, on va t'en prendre une. »
C'est fou c'qu'il lui disait quelques chose, ce mec ...

J'la regarde me tendre la main, j'souris à nouveau et j'la salue, surpris qu'elle ne m'ait pas reconnu.
— Je sais, j'réponds quand elle me dit qu'elle s'appelle Ava mais visiblement, elle ne fait pas attention à ma remarque et me montre un endroit de la plage où on peut louer des planches.
J'la suis, sans rien dire, sans même lui dire mon prénom jusqu'à ce qu'on arrive devant le mec qui loue des accessoires de surf. J'fouille dans ma poche, j'sors un billet que je lui tend en échange d'une de ses planches et j'me retourne vers la jolie blonde. J'pense un instant à mon frère et aux journées qu'on a passé à essayer de plaire à notre babysitter qu'était Ava. Si j'revenais à son bras un de ces quatre, mon frère verrait rouge, c'qui pourrait être assez drôle.
— J'crois j'suis prêt ! je dis à Ava en lui lançant un clin d'oeil. Par contre, j'suis pas très doué, faudrait que tu me réapprennes tout depuis le début, tu vois... je fais, bien décidé à gagner cette bataille qu'on avait commencé mon frère et moi étant gamins.

» ◮ we run wild, oh — CONOR
» ◮ we'll be glowing in the dark — CONOR
» RAE - Dans la vie il ne s'agit pas de se trouver, mais de se créer.
» ◮ Dis t'es craquant toi, ton père il travaillerait pas dans la biscotte ?

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